Histoires de radio

Gabon:
Africa n°1, la radio panafricaine.




Quarante-cinq ans après son lancement Radio Africa n°1 a fini sa longue agonie.



Née de la volonté du Président Bango et de la France, voici l'histoire d'Africa n°1

L'époque Bango
Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique » des présidents de Gaulle et Pompidou, devenu le conseiller du Président Bango l'incite à lancer le projet « La Voix de la rénovation » : une station de radio qui sera entendue à travers le monde grâce aux ondes courtes.
Bango parle au Monde ! L'argument de Foccart séduit le mégalo président.
Le 21 octobre1974, le Président pose la première pierre du « Centre International d'Ondes Courtes » : situé à Moyabi dans le sud-est du pays à environ 600 km de la capitale gabonaise.

Le centre émetteur le plus puissant d'Afrique !
Le centre dispose de 4 émetteurs de 500 kw ondes courtes Thomson-C.S.F. et est alimenté par la centrale de Poubara et par une centrale électrique de secours construite dans le centre et composée de 2 groupes principaux et d'un groupe de réserve pouvant développer 4 000 kW. Les 20 antennes rideaux assurent une diffusion tous azimuts.
Coût de travaux 3 milliards de francs CFA, durée prévue : 30 mois
La route nationale 5 est même déviée pour desservir et pouvoir admirer le centre émetteur. Celui-ci est relié par aux faisceaux hertziens qui relent déjà Libreville à Franceville.
Les programmes doivent arriver de Libreville, mais deux studios de complément doivent être installés à Libreville dans le nouveau centre régional de la Radiodiffusion Télévision Gabonaise.
Le projet est très lourd pour le Gabon, de son côté la France rêve d'un relais en Afrique et aussi de contrôler ce nouvel émetteur en transformant le projet gabonais en une radio panafricaine.

L'époque SOFIRAD
Il faut trouver un nom qui représente l'Afrique en général… À défaut d'avoir ses propres idées la Sofirad a préféré reprendre l'idée de Michelson pour Europe n°1 et de l'adapter : Africa n°1 !
Dotée d’un capital de 100 millions de Francs CFA, Africa n°1 a été créée en 1981 sous le statut d'une société d'économie mixte, « à l’initiative du président gabonais Omar Bongo »… et de la France, représentée par la Sofirad.
Le 1er février 1981, Africa n°1 prend le contrôle du plus puissant centre émetteur du continent africain.
A la recherche de rentabilité, Afrique n°1 propose ses émetteurs OC à la location: en 1983, 1 émetteur OC est loué à Radio Japon, mais la Nipon Hoso Kiokai ne prolonge pas les tests et le relais est interrompu en 1984.
Pendant les dix premières années, la radio est soutenue financièrement par l'État gabonais et l'argent « privé » du Président Bongo qui éponge les pertes.
En 1991, l'équilibre financier est enfin atteint, en partie grâce à la publicité, mais surtout grâce à la location des émetteurs. Le principal client était R.F.I. qui louait 1 émetteur de Moyabi 22 h/jour. Les autres clients étaient la S.S.R. (Suisse) et à la N.H.K. (Japon). Toutes ces stations ont progressivement arrêté la diffusion en ondes courtes et plus aucun de ces diffuseurs ne loue les émetteurs d'Africa n°1.
Africa n°1 verse 7 millions de francs par an à sa filiale parisienne pour lui permettre de réaliser quatre heures d'émissions quotidiennes qui s'insèrent dans les programmes réalisés depuis Libreville et diffusés en France.
Ce désintéressement des ondes courtes était dû au déploiement par les radiodiffuseurs internationaux d'émetteurs FM dans les principales villes africaines.
Radio Africa n°1 l'a compris trop tard et le manque de moyens financiers a retardé les implantations en modulation de fréquence.
Le retard n'est toujours pas comblé : R.F.I. dispose de plus de 100 fréquences en Afrique contre une vingtaine pour Africa n°1.
2002. C'est le retrait de la SOFIRAD, l'antenne parisienne est privatisée. Pour les installations au Gabon, elles devaient être reprises par R.F.I. En partenariat avec le groupe Bolloré.
2003. Face aux atermoiements de la partie gabonaise, RFI renonce à reprendre les 40% de participation de la Sofirad  .

L'arrivée des Libyens.
L’État Gabonais doit se trouver un nouveau partenaire, la Libyen Jamahirya Broadcasting se présente en 2006 et a mis 5 millions de dollars sur la table pour reprendre les parts détenues par la Société financière de radiodiffusion française. De son côté, l'État a apuré le passif de la société et a payé les droits et indemnités dus à 50% des employés qui ont été licenciés.
La L.J.B. prend la majorité en 2007. L’État gabonais autrefois majoritaire dans le capital ne détient plus 35 pour cent des parts et 13 pour cent sont détenues par des privés gabonais.
Sur le plan éditorial, un consultant, Hugues Durocher, ancien directeur de la rédaction d’Europe 1, a été embauché pour conseiller Louis-Barthélemy Mapangou, le PDG de la station et préparer le relookage tant du format que des programmes. Rien ne bouge en ce qui concerne le réseau : le redéploiement promis par les Libyens n'arrivera jamais ! Seul un émetteur a été ajouté en 2010 à Tripoli, le fief du nouvel actionnaire.
Suite aux difficultés, la qualité des programmes s'en ressent… Lorsqu'ils sont diffusés ! Souvent la station est contrainte au silence suite aux grèves ou aux non-paiements de ses fournisseurs : eau, électricité, satellites ou encore des sous-traitants assurant le fonctionnement des relais FM !
Le nombre d'auditeurs semble aujourd'hui divisé par quatre par rapport aux années 90. La part de marché perdue a été surtout prise par R.F.I. et la B.B.C…
En 2010, le gouvernement annonce l'arrivée d'un nouvel actionnaire : La LJBC a cédé sa participation à la société « Afrique des médias et d'édition » du Libya Africa Portfolio : fonds d’investissements tenu par le directeur de cabinet de Muammar al-Kadhafi.
Le gouvernement annonce aussi le lancement de Africa n°1 TV et une mise de fonds de 8,5 millions d’euros, destinée à renforcer les effectifs et à réhabiliter le réseau de diffusion FM et l'installation d’un émetteur de 300 kW pour renforcer celui de Moyabi.

Puis plus rien. Les investissements prévus n’ont pas lieu.
Il est vrai qu'il était urgent d'intervenir : L'eau avait été coupée, le centre émetteur de Moyabi était pratiquement à l'abandon et tous les meilleurs journalistes sont partis. L’arriéré de facture d'électricité et d'eau s'élève à plus de 700 millions de F CFA.
En 2011, Africa n°1 n’ayant pas réglé les factures à Eutelsat (arriérés et intérêts de plus de 300 000 euros), l’opérateur satellite a tout simplement décidé de couper le signal.
2012, un mouvement de grève illimité est lancé en raison du non-paiement de cinq mois d'arriérés des salaires. L'administrateur du syndic judiciaire d'Africa n°1 est placé en garde à vue, pour répondre de la gestion d'une enveloppe de 800 millions de FCFA allouée à la radio l'année précédente pour la Coupe d'Afrique des nations.
En 2014, les grèves s'enchaînent, Africa n°1 peine à fonctionner et n'oublions pas qu'elle a perdu ses 2 principaux soutient depuis la mort des présidents Omar Bongo et Muammar al-Kadhafi. Les autorités gabonaises souhaitent que d'autres États d'Afrique centrale contribuent au relèvement de la radio panafricaine.
2015, Le ministre de la communication du Gabon a déclaré qu'Africa N°1 a permis à des artistes d’être connus et s’imposer sur la scène internationale et qu'« Il n’y a aucune raison que 30 ans plus tard, que cette belle radio soit amenée à disparaître. Alors il y a des choix à faire. Il n’y a pas d’autres alternatives ». Il est vrai qu'en Afrique « un homme de parole » n'a pas exactement le même sens que chez nous!

Paroles et paroles…
2016, La journée mondiale de la radio a été célébrée le samedi 13 février à la maison Georges Rawiri cela en présence du ministre de la communication. Grand absent de cette commémoration, la radio panafricaine Africa N°1, confrontée toujours à des problèmes de fonctionnement. Son passif est estimé à 22 milliards F CFA.
Quelques jours plus tard, l’État a marqué son accord pour que 150 millions F CFA soient injectés chaque mois par l’État gabonais pour payer les salaires des employés.
Les fonds serviront également à faire fonctionner le comité de privatisation de la radio ainsi que les organes en charge du redressement judiciaire. L'arrivée de ces fonds à déjà permis quelques investissement et surtout améliorer les conditions de travail.
Le 7  juillet 2017, Radio Africa n°1 semble avoir trouvé un  repreneur: Le cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, émir du Qatar compte installer son antenne à Libreville sur les installations de la radio africaine en vue de son expansion en Afrique. Rien ne se concrêtise.
2018, L'état gabonais arrive a se séparer de l'investisseur libyen.

Africa n°1 Paris.
Heureusement les déboires du Gabon n'ont pas trop affecté l'antenne parisienne qui exploite le nom et le logo d’Africa n°1 appartient à « Afrique Media », société de droit français. C'est Dominique Guihot qui a racheté à la SOFIRAD l'antenne parisienne de Africa n°1. La société gabonaise ne détienait que 20 % des parts dans la société française.
L'échange de programmes entre les sociétés a vite été terminé, mais Paris devait payer des droit au Gabon pour l'usage du nom.
Depuis le 16 mai 2017, Africa n°1 Paris a été autorisée de changer son nom en Africa Radio. Cette nouvelle appellation dispense Paris à devoir payer au Gabon les droits d'utilisation de la marque pour une utilisation de la marque en Afrique.
Le changement de nom permet à l'entreprise française de se développer en Afrique.
Une licence vient d'être accordée par la Côte d'Ivoire pour l'exploitation d'un émetteur FM.
D'autres pays sont en négociation dont le Congo et un centre de production est prévu en Afrique d'ici à 2 ans.



 

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Légendes des photos.

- Le siège de'Africa n°1 à Libreville
- Le centre émetteur de Moyabi
- Antenne rideaux
- Feeders
- Antenne rideaux
- Un des studios de Libreville
- Le studio de Paris

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